Actualités et perspectives

 

Dans la presse…

Pierre MONCHARMONT

 

L’utilisation de système d’inactivation d’agents infectieux pathogènes dans le cadre de la production des produits sanguins labiles pose le problème de la création, par ces systèmes, de nouveaux antigènes (ou néoantigènes) dans ces produits et du risque potentiel d’immunisation des receveurs contre ces derniers. Une étude américaine portant sur le traitement par Amotosalen des concentrés plaquettaires et du plasma et l’apparition de néoantigènes vient d’être publiée (Lin et al. Amotosalen interactions with platelet and plasma components : absence of neoantigen formation after photochemical treatment. Transfusion 2005, 45 ; 1610-1620).

Dans un premier temps, les auteurs ont déterminé dans les concentrés plaquettaires et le plasma, la concentration d ‘Amotosalen et de produits dérivés après la photoactivation. L’Amotosalen est un psoralène qui, lors de l’exposition à la lumière ultraviolette, réagit avec les bases pyrimidiques des acides nucléiques, provoquant la création de ponts qui bloquent la réplication des acides nucléiques et, par ce biais, inhibent la synthèse protéique et préviennent la prolifération de pathogènes.

Après traitement par la lumière, l’Amotosalen et les produits dérivés sont éliminés à l’aide d’un système d’absorption. Les auteurs montrent que 15 % de l’Amotosalen initial restent fixés sur les plaquettes et entre 15 et 22 % sur les composants plasmatiques. Une proportion importante de l’Amotosalen, que ce soit pour les plaquettes comme pour le plasma, est fixée sur des composants non protéiques, principalement des lipides. Chez 523 patients ayant reçu plus de 8000 unités de plaquettes ou de plasma traités, il n’a pas été observé de manifestations cliniques liées à des néoantigènes, ni d’apparition d’anticorps anti-plaquettes ou anti-protéines plasmatiques.

Les auteurs concluent que le traitement Amotosalen-lumière n’altère ni la membrane plaquettaire, ni les protéines plasmatiques d’une manière significative pouvant entraîner une immunisation chez les receveurs.

Le contrôle le taux de l’hémoglobine pré-don permet de s’assurer que le donneur n’est pas anémique et évite de prélever à tord de tels donneurs. Les techniques habituellement utilisées pour effectuer ce test comportent un prélèvement au doigt par piqûre. Une étude récente montre qu’il est possible de réduire ce contrôle tout en préservant la sécurité du donneur et la qualité du don (Lofti et al. A noninvasive strategy for screening prospective blood donors for anemia. Transfusion 2005, 45 ; 1585-1592).

Six semaines avant le premier don, le candidat au don est testé avec détermination du taux de l’hémoglobine. Si le candidat est éligible, le premier don a lieu, mais sans contrôle du taux d’hémoglobine avant prélèvement. Par contre, une détermination de ce taux est effectuée sur un prélèvement réalisé à la fin de ce don. Sur la base de ce taux d’hémoglobine post-don et d’un intervalle minimum entre deux dons, le donneur devient « donneur régulier ». Lors des dons suivants, aucun contrôle du taux d’hémoglobine pré-don n’est effectué, sous réserve que le taux d’hémoglobine post-don observé sur le don précédent demeure acceptable. Ce taux minimum a été fixé par les auteurs à 135 g/l pour les hommes et 125 g/l pour les femmes. En appliquant cette méthode, 97 % des donneurs peuvent « échapper » au contrôle pré-don suivant. Du point de vue des valeurs minimales, la spécificité est élevée 92,6 % et la sensibilité s’accroît au fil du temps pour atteindre 100 % pour les taux d’hémoglobine inférieur à 105 g/l. Le taux d’hémoglobine pré-don estimé à partir du taux post-don précédent et la « vraie » valeur du taux de l’hémoglobine pré-don établie sur un prélèvement veineux est en moyenne arithmétique de – 0,9 g/l et la déviation moyenne de 6g/l.

Si le taux d’hémoglobine avant le premier don ou après un don ultérieur est inférieur aux valeurs retenues, le donneur est temporairement exclu et repasse le contrôle pré-don jusqu’à obtention d’un taux suffisant. Sur trois ans, les auteurs ont observé que le taux moyen d’hémoglobine des donneurs s’accroît, passant de 145,40 g/l sur les six premiers mois à 147,56 g/l sur les sept derniers mois et que ce taux est supérieur au taux moyen des donneurs candidats. Après analyse du paramètre hémoglobine, il apparaît que les concentrés érythrocytaires produits restent de grande qualité.

Enfin sur le plan des coûts, l’application de cette stratégie comparée à l’utilisation de l’hémoglobine pré-don montre un résultat similaire.

Un des intérêts de cette méthode est d’éviter au donneur le contrôle de l’hémoglobine pré-don par piqûre au bout du doigt, d’alléger la procédure de prélèvement tout en garantissant la sécurité du donneur et la qualité des concentrés érythrocytaires.

La transmission du Parvovirus B19 par les produits sanguins labiles et les médicaments dérivés du sang demeure un risque transfusionnel particulièrement chez les patients immunodéprimés. Plentz et al. (Exposure of hematologic patients to parvovirus B19 as a contaminant of blood cell preparations and blood products. Transfusion 2005, 45 ; 1811-1815) ont recherché rétrospectivement la présence de l’ADN du Parvovirus B19 par PCR en temps réel dans 2123 produits sanguins et médicaments dérivés du sang administrés à 114 patients adultes atteints de pathologie hématologiques malignes. Ils ont inclus 17 préparations de cellules souches et de moelle osseuse.

Ils ont détectés 21 produits contenant de l’ADN viral avec une charge virale moyenne de 700 génomes équivalents/ml (geq/ml). Six médicaments dérivés du sang, 12 produits sanguins labiles monodonneurs ont été trouvés positifs. La charge virale la plus élevée était de 2,2´106 geq/ml dans un concentré érythrocytaire et le taux le plus élevé de positivité observé sur les préparation de cellules souches ou de moelle (3 produits sur les 17 testés, 17,6 %). Selon les produits, l’ADN était présent dans des immuns complexes et/ou libre.

Quatorze receveurs (12 %) ont reçu au moins un de ces 21 produits positifs. Dix ont reçu des cellules souches ou un greffon médullaire et 4 étaient traités pour une leucémie.  Aucun n’a développé de signe clinique d’infection par le Parvovirus B19. Un seul a présenté une virémie faible 5 jours après la transfusion du concentré érythrocytaire avec la charge virale la plus élevée. Chez 11 autres patients la recherche d’ADN était négative. Enfin deux patients n’ont pu être testés.