Dans la presse…
Pierre MONCHARMONT
Un forum international a porté sur la problématique de
la « rémunération » des donneurs de
sang (Engelfriet and Reesink Paid vs. Unpaid donors. Vox sanguinis
2006, 90 ; 63-70). Comme à l’accoutumée,
plusieurs questions ont élaborées et ont
été soumises aux représentants de 27 pays. La
première question portait sur l’existence de donneurs
rémunérés et si oui pour quels types de don. La
deuxième question, particulièrement intéressant
portait sur la « définition d’un donneur non
rémunéré ».
Plusieurs items étaient soumis comprenant l’absence
de toute rémunération, l’existence d’une
compensation pour le temps passé et les frais de
transport, la remise d’une petite indemnité ne
correspondant pas à une véritable
rémunération. Enfin la dernière question abordait
le cas des donneurs de remplacement. Seuls 12 pays sur les 27
sollicités ont répondu. Il ressort de cette étude
que seuls 2 pays rémunèrent des donneurs pour des dons de
différentes catégories, les Etats Unis et
l’Allemagne. Le plasma collecté pour le fractionnement est
habituellement rémunéré aux Etats-Unis. En
Allemagne, trois systèmes de collecte coexistent. La Croix Rouge
ne rémunère pas. Les banques de sang universitaires et
hospitalière rémunèrent tous les dons. Le plasma
destiné au fractionnement, collecté à hauteur de
60 % dans des centres commerciaux est rémunéré. La
définition d’un donneur non rémunéré
varis d’un pays à l’autre et couvre toutes la gamme
des items proposés . Enfin deux pays font appel à
des donneurs de remplacement, l’Italie et le Brésil. Les
autres soulignent cependant que cette pratique est fortement
découragée et que les donneurs ne sont pas
rémunérés.
Tugwell et al viennent de décrire une transmission importante par le nombre de cas détectés du virus de l’hépatite C (VHC) par un donneur d’organe et de tissus négatif pour les anticorps (Transmission of hepatitis C virus to several organ and tissue recipients from an antibody-negative donor. Annals of Internal Medecine 20058, 143 ; 648-654). Le donneur est patient décédé d’une hémorragie intracrânienne apparue dans un contexte d’hypertension de consommation importante d’alcool. Le donneur avait été trouvé négatif pour les anticorps anti-VHC avant les prélèvements. Les taux de transaminases hépatiques étaient normaux. Sept organes, 2 cornées et 82 tissus ont été prélevés, soit 91 greffons et transplants. Six patients ont bénéficié d’une transplantation, 34 d’une greffe de tissu dont les 2 cornées et un patient a reçu 5 greffons cutanés. Huit patients ont été retrouvés infectés par le virus de l’hépatite C transmis par le donneur, 3 receveurs d’organe et 5 receveurs de tissus. Les auteurs ont montré que le génotype du virus retrouvé chez les receveurs et le donneur était le même (la) et qu’il existait du point de vue de l’analyse séquentielle une homologie entre les virus des receveurs et du donneur se situant entre 96 et 100 %. Un sérum du donneur pre-mortem a été retrouvé négatif pour les anticorps anti-VHC mais positif pour l’ARN du virus (Charge virale à 3.6 x 106 IU/mL). Les auteurs ont par ailleurs montré que les 3 receveurs d’organe infectés étaient négatifs pour les anticorps anti-VHC sur les échantillons sanguins testés après la transplantation, mais positifs pour l’ARN du HCV. Cependant, deux sérums post-transplantation était trop précoces ( 4 jours et 6 semaines) pour être positifs pour les anticorps anti-HCV.
Les auteurs rappellent qu’actuellement la Food and Drud Administration (FDA) impose la recherche des anticorps anti-HCV chez les donneurs d’organe et de tissu mais par la recherche de l’acide nucléique. En matière de tissus prélevés sur cadavre, la FDA a récemment approuvé l’utilisation de test de recherche d’acide nucléique sur les sérums post-mortem ; Ils soulignent également qu’un donneur se trouvant dans une situation identique au cas rapporté (Période silencieuse ) est probablement rare et que la transmission est également liée au type de greffon. Ainsi, dans leur enquête, ils n’ont pas relevé de transmission avec les greffons cutanés, les cornées et les os irradiés. Ils mettent en lumière le problème des receveurs d’organe trouvé négatif pour les anticorps anti-HCV mais positifs pour l’ARN et estiment que de chez de tel patients , en raison de leur statut d’immunodéprimé, la recherche des anticorps anti-HCV semble s’avérer insuffisante pour exclure une possible infection.
Cette étude repose la question de la recherche d’acide nucléique d’agents infectieux transmissibles chez les donneurs d’organe, la difficulté actuelle restant le temps de réalisation des tests.